17 janvier : Cérémonie des Voeux de Madame Ericka BAREIGTS

Mis à jour le 30/01/2017
Intervention de Madame Ericka BAREIGTS, Ministre des Outre-mer

Mesdames et messieurs les Députés,
Mesdames et messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Directeur général des Outre-mer,
Monsieur le Commandant du service militaire adapté,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
 
Je suis particulièrement heureuse de vous accueillir aujourd’hui, ici, au sein du Ministère des Outre-mer. Je l’ai dit dès mon arrivée rue Oudinot : ce Ministère est votre maison et je souhaite qu’elle soit, à l’image de nos territoires, ouverte sur le monde.
 
2016 fut une année importante pour les Outre-mer. Elle fut riche en joies, en succès et en fierté.
 
Fierté lorsque la Guadeloupe accueille la prestigieuse Coupe Davis ou expérimente, pour une première mondiale, un dispositif de télé-échocardiographie!
 
Fierté lorsque les sportifs originaires des Outre-mer – Daniel NARCISSE, Emilie ANDEOL, Mehdy METELLA et je ne peux malheureusement pas tous les citer tant ils sont nombreux !
- décrochent des médailles d’or, de bronze ou d’argent dans la plus difficile des compétitions sportives de la planète, les Jeux Olympiques ! Et quel merveilleux symbole, pour les Outremer comme pour notre pays tout entier, que le porte-drapeau de la délégation tricolore soit un Ultramarin ! Vous avez peut-être entendu parler de lui, il s’appelle Teddy RINER.
 
Fierté, là encore, lorsque La Réunion est consacrée par le label French Tech pour l’excellence de son écosystème spécialisé dans la santé connectée.
 
Fierté lorsque Saint-Pierre-et-Miquelon célèbre, dans la joie et l’allégresse, le bicentenaire de son appartenance à la France !
 
Fierté toujours lorsque Miss Guyane devient, pour la première fois de l’histoire du concours, Miss France ! Certains n’y verront tout au plus qu’une anecdote. J’y vois au contraire le visage de la France océanique !
 
Oui, mes chers amis, nous pouvons être fiers des Outre-mer !
 
Tout au long de ce quinquennat, nous avons voulu récuser une logique qui s’était insidieusement installée concernant ces territoires. Ils constitueraient une sorte d’autre France, où les principes de la République pourraient ne pas être totalement appliqués.
 
Je le dis avec force : les Outre-mer ne sont pas une demi-France. Ils ne constituent pas une marge de la France. Ils sont la France ! Ils font partie intégrante et constitutive de notre Nation !
 
La France ne serait pas la France sans les Outre-mer ! Soyons donc fiers de la diversité de notre pays !
 
C’est cette fierté que depuis 2012 nous avons voulu redonner à tous nos concitoyens ultramarins.
 
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Redonner de la fierté aux Outre-mer impliquait d’abord de faire revenir l’Etat dans ces territoires.
 
Le précédent quinquennat fut synonyme d’un certain désengagement de la part des pouvoirs publics.
 
Cette politique dite de « développement endogène » impliquait concrètement une baisse du nombre d’agents publics, des commissariats, des hôpitaux ou des écoles en dépit des besoins importants de nos concitoyens.
 
Ce retrait de l’Etat au sein de nos territoires provoqua de graves émeutes en Martinique et en Guadeloupe en 2009 puis à Mayotte en 2011 ainsi qu’une sévère récession dans tous les Outre-mer.
 
Nous savons, nous, que les Outre-mer ont besoin d’investissements et d’un engagement résolu de la part de l’Etat.
 
Je veux ce soir tordre le cou à une idée lancinante : les Outre-mer ne quémandent pas
d’argent public. Ils ne demandent que l’égalité.
 
Il est ainsi normal que des territoires ayant des contraintes géographiques importantes – l’insularité, le relief ou les conditions climatiques – aient besoin de davantage de soutien financier.
 
Oui, il est plus difficile et plus coûteux de produire de l’électricité pour l’île de La Réunion ou la Guadeloupe que pour l’Hexagone. Que devriez-nous déduire de ce constat ? Qu’il ne faut pas produire d’électricité pour ces territoires ? Non, cela implique que l’Etat doit être encore plus volontariste dans les Outre-mer qu’ailleurs ! Ce n’est que justice !
 
C’est pourquoi, à l’opposé du retrait silencieux de l’Etat de 2007 à 2012, nous avons renforcé les budgets en faveur des Outre-mer. Ils furent constamment, de 2012 à 2016, audessus des 2 milliards d’euros.
 
Et les résultats sont là : au niveau global, pour les cinq départements d’Outre-mer, le taux de chômage a baissé tout au long de 2016. Encore plus satisfaisant, cette baisse du chômage concerne particulièrement les jeunes et là encore dans tous les Outre-mer.
 
Je veux également évoquer Mayotte car la départementalisation de ce territoire, en
2011, fut réalisée dans l’impréparation la plus complète. Depuis notre arrivée, en 2012, nous avons déployé des efforts sans pareil pour le 101ème département de France ! Là encore, des progrès notables ont été enregistrés !
 
Nous avons par ailleurs voulu faciliter très concrètement la vie quotidienne de nos concitoyens ultramarins.
 
C’est pourquoi, dès notre arrivée en 2012, une loi contre la vie chère a été adoptée : elle fut d’ailleurs la première loi du quinquennat. Le Projet de Loi Egalité Réelle Outre-mer que je défends au Parlement sera quant à lui peut-être la dernière loi à être votée lors du quinquennat. Vous le voyez, d’un bout à l’autre, ces cinq années ont eu pour priorité absolue nos concitoyens ultramarins.
 
*
 
Redonner de la fierté aux Outre-mer impliquait également de les replacer au cœur de la République.
 
Les territoires ultramarins firent l’objet du plus grand intérêt jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. En se rendant dans les 11 départements et collectivités d’Outre-mer, le Président de la République a montré toute son estime et son affection pour nos territoires.
 
Le dynamisme du chef de l'Etat est à cet égard historique.
François Hollande est le premier président à avoir visité les 11 départements et collectivités d’Outre-mer. François Hollande est également le premier président de l'Histoire de France à s'être rendu à Miquelon ou à Futuna. Jamais un chef de l'Etat n'y était allé auparavant.
 
Ces îles, même situées à des milliers de kilomètres de l'Hexagone, font pleinement partie de la République !
 
Nous avons par ailleurs choisi de reconnaître, d'assumer et de porter la diversité de tous nos territoires ultra-marins. Dès 2012, le Ministère de l'Outre-Mer a été rebaptisé Ministère des Outre-mer. Ce n’est pas qu’un changement de nom, c’est un changement de conception : la diversité n’est pas pour nous une faiblesse mais bien une force !
 
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Redonner de la fierté aux Outre-mer implique enfin de parachever le combat pour l’égalité réelle.
 
Vous le savez, malgré des politiques volontaristes conduites par l’État, des écarts de niveau de vie importants persistent entre l’Hexagone et les Outre-mer. Ces écarts sont indignes de la République.
 
Comment accepter qu'un de nos compatriotes, parce qu'il est né ou qu'il vit dans tel territoire, voit ses prestations sociales rabotées ou ses chances de trouver un emploi diminuées ?
 
C’est pourquoi le Projet de Loi Egalité Réelle Outre-mer comporte des mesures sociales fortes à la mesure des inégalités qui subsistent. Les montants de nombreuses prestations sociales convergeront dans les prochaines années avec ceux de l’Hexagone. Cette harmonisation était attendue depuis longtemps par nos compatriotes ultramarins. Elle arrive enfin !
Combattre les écarts entre les Outre-mer et l’Hexagone passe également par un changement radical de méthode comme de vision.
Le Projet de Loi porte donc une révolution d’approche. Grâce aux plans de convergence qui seront créés par le Projet de Loi, les territoires pourront déterminer, en lien avec l’Etat, leurs propres stratégies de développement. Les politiques publiques seront, dès lors, plus adaptées aux besoins et aux spécificités de chaque région ou collectivité.
En effet, les besoins de la Martinique ne sont pas les même que ceux de Saint-Pierre-etMiquelon ou de la Nouvelle-Calédonie. Nous ne pouvons pas donc pas y déployer les mêmes actions ! Ce n’est qu’en partant des réalités du terrain que nos politiques seront réellement adéquates.
Je crois – j’espère ! - que nous avons réussi à redonner de la fierté à chacune et à chacun. Ce sentiment est cependant bien fragile.
Face à la montée de l’intolérance et des obscurantismes et alors qu’approchent des élections déterminantes pour la vie de toute la Nation, la vision étriquée de la France proposée par certains me paraît menaçante.
 
Lorsque l’appartenance à la France est associée à une prétendue « race blanche » ou à la religion catholique, je suis heurtée en mon for intérieur. Les Français ne sont pas tous des Gaulois. Ultramarine, je me sens et je suis Française jusqu’au bout des ongles. Une telle vision de notre pays s’inscrit à l’encontre de nos valeurs et nos idéaux républicains. Quand le peuple français est réduit à une religion ou à une couleur de peau, ce sont tous nos
principes qui s’amoindrissent et c’est le rayonnement de la France qui s’étiole.
 
En 1985, l’un de nos plus grands historiens, Fernand BRAUDEL, achève l’écriture du dernier livre de sa vie, L’identité de la France. Et quelle est la conclusion de sa longue réflexion sur l’identité de notre pays ? Je le cite : « La France se nomme diversité ». Ne l’oublions pas !
 
A l’opposé de cette vision de la France, revendiquons fièrement notre identité plurielle.
 
A ceux qui prétendent que la France est une race, opposons la France que nous aimons et connaissons. Nous sommes cette France plurielle, ouverte sur le monde et généreuse, tolérante et humaniste !
 
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Mesdames et Messieurs,
 
Si j’aimerais que vous ne gardiez qu’un sentiment de cette soirée, c’est celui de fierté. Fierté d’être Ultramarin, fierté d’être citoyen, fierté d’être Français !
 
Redonner ce sentiment de fierté à toutes et à tous, c’est ce à quoi je m’emploie chaque jour.
 
Toutefois, les progrès obtenus n’auraient pu l’être sans le soutien sans faille du Président de la
République. François HOLLANDE a fait preuve d’une implication constante et déterminée en faveur des Outre-mer tout comme ses trois chefs de gouvernement successifs : Jean-Marc AYRAULT, Manuel VALLS et Bernard CAZENEUVE. Je veux les remercier pour leur soutien.
 
Tout n’est cependant pas parfait, je le sais. Les changements impulsés mériteront d’être consolidés et amplifiés dans les années à venir. J’espère qu’ils le seront.
 
Puisque la nouvelle année est traditionnellement le moment des vœux, je fais le vœu collectif que 2017 soit l’année de l’égalité et de la fierté! Je fais aussi le vœu, à titre plus personnel, que cette année vous apporte l’épanouissement personnel et professionnel, une excellente santé et de nombreux moments de bonheur avec vos proches, votre famille et ceux qui vous sont chers.
Excellente année à toutes et à tous !